L'édito du site
Didier Gourvennec-Ogor est heureux de vous inviter le 3 septembre 2011 à l’inauguration de sa galerie, 7, rue Duverger, 13002 Marseille, à partir de 18 heures.
Dédiée principalement aux artistes contemporains internationaux, elle entend proposer aux visiteurs et aux collectionneurs des expositions qui témoignent de l’exigence et de la passion que Didier Gourvennec-Ogor voue à son métier.
En ayant une politique de participation à des Foires comme Slick, en octobre prochain, au Salon du Dessin Contemporain/Drawing Now, à Art Paris ou à Art Brussels, la galerie exprime le souhait d’intervenir activement sur le marché de l’art tant au niveau national qu’international.
Pour l’ouverture de son espace, Didier Gourvennec-Ogor livre une exposition collective qui réunit des artistes de générations différentes. Poétique et magique, et parfois troublante, elle propose de redécouvrir un panorama de choix esthétiques divers et de repenser des thèmes aussi différents que les relations humaines, le politique, le réel et ses métamorphoses mais aussi l’histoire de l’art, l’espace et l’illusion.
C’est en employant principalement la vidéo et un style lent où le dialogue est quasi-absent, qu’Emmanuelle Antille traite des questions relatives au double, à l’introspection, à la communication avec autrui. Prenant la famille comme terrain privilégié pour cette étude, elle réalise des œuvres d’une très grande subtilité, oscillant entre le réalisme et l’onirisme, qui offrent à chacun d’entre nous une grande liberté d’interprétation. Chez Filippo Piantanida et Roberto Prosdocimo (associés sous le nom de FRP2), c’est la figure enfantine qui semble accueillir le spectateur. Un choix néanmoins qui va certainement en incommoder certain(e)s. Car en effet, ces sujets qui posent apparemment très simplement, diffusent dans ces décors parfois chargés d’histoire, un certain malaise. Plongé dans les grandes « boites à remplir » de Rémy Marlot, le spectateur va ressentir à nouveau ce trouble. Ses images au format panoramique se refusent tout traitement direct du sujet. Le réel côtoyant la fiction, le photographe nous emmène alors dans un univers potentiellement menaçant, angoissant où la narration et la présence humaine se font rares. Adrien Vescovi préfère jouer, s’amuser avec le réel. Le désir de comprendre le monde qui nous entoure, l’incite, non sans humour et poésie, à le triturer, le détourner, le décomposer et ce dans un souci de mieux l’appréhender. Aussi ses dessins d’une grande élégance, qui représentent par un manège désarticulé le monde ludique et féérique de l’enfance, brouillent-ils notre lecture de la réalité. Quant aux paysages sensibles de Gilles Balmet, ils sollicitent notre capacité à imaginer. Composés à partir de taches plus ou moins diluées, de dripping et de pliages, ces œuvres ne demandent pas uniquement à être vues mais à être interprétées, laissant ainsi place aux sentiments, aux états introspectifs, à l’invisible.
Benoit Broisat, Timothée Talard et Julien Friedler démontrent à travers leurs travaux une relation plus directe avec leur environnement, leur quotidien. Julien Friedler débute en 1994 en tant qu'artiste. Autodidacte mais armé d'une grande expérience sur le caractère humain – il était auparavant psychanalyste - et d'une fascination pour l'inconnu, il commence à peindre. Les évènements de la seconde moitié du 20e siècle influencent sa sensibilité et sa compréhension du monde. Benoit Broisat s’intéresse à travers sa production à la constitution d’une image et à la transmission d’une information. Prenant parfois pour point de départ nos rapports aux médias, il tente alors dans certains de ses travaux, comme anaglyphes, Oval office, Les Témoins, d’envisager des relations plus intimistes, plus directes, plus intenses avec le monde. Aussi pour redonner une substance aux images que la presse leur a retirée, l’artiste trouve des moyens pour leurs redonner corps : retravailler l’image, en extraire un objet pour le matérialiser. Timothée Talard emploie essentiellement l’aquarelle pour représenter ses visages, ses corps, ses icones de la société de consommation. Dépourvus de tout arrière-plan, ces sujets placés au centre du dessin captent immédiatement l’attention du spectateur qui est contraint de se concentrer sur l’essentiel. Une telle représentation devient ainsi chez Timothée Talard un moyen de nous plonger dans l’humain, que nous le regardions en face, que nous l’acceptions dans tout ce qu’il y a de plus beau, mais aussi de plus sombre et de plus angoissant.
Si Régis Perray et Gina Pane vont placer leur corps au centre de leur travail, l’œuvre Stripe-Rake (Turin 1969) de cette dernière va paradoxalement effacer toute présence physique. Issue de la période durant laquelle elle s’était isolée dans la nature, cette installation est le résultat d’actions "in vivo" où elle déplaçait et manipulait des éléments naturels afin de les protéger, les réchauffer et les préserver. Elle entretenait ainsi par ces actions qui inscrivaient « hors vue » des gestes dans le paysage, une relation intime, poétique presque affective avec le milieu naturel. Quant à L’artiste Régis Perray qui a pris le sol comme sujet de travail, il arpente depuis plus de 12 ans le monde muni de son balai. Traversant différents pays, - la Pologne, la Belgique, la Corée du Sud, l'Égypte, la République Démocratique du Congo - il recherche de manière incessante de nouveaux lieux reliés à sa vie privée et au quotidien, à transformer, nettoyer, protéger et mettre à jour. Par ce geste, dont l’existence est validée par la photographie, la vidéo et la création objets, l’artiste souhaite réveiller ces espaces, leurs redonner leur identité.
Les travaux de Giancarlo Caporicci, Dieter Detzner et Steve Veloso s’axent principalement autour de la sculpture. La production de Giancarlo Caporicci est essentiellement basée sur le principe des « tensions dynamiques ». Cette pratique caractérisée par l’élasticité de la matière, la tension des points limites, la variation des dimensions et des émergences, offre alors à l’imagination du spectateur, par son aspect modulable et mobile, une grande variété de possibilités plastiques. Les œuvres de Dieter Detzner sont des représentations personnelles de l’espace. Aussi pour leurs réalisations que l’artiste souhaite manuelle, il emploie des matériaux industriels et applique un vocabulaire de formes rationnelles. Steve Veloso construit son travail sur la polarité déconstruction/reconstruction, nature/artifice. Cherchant à provoquer chez le spectateur une sensation semblable à celle qu’il a pu connaitre, cette stratégie lui offre alors la possibilité de reconstituer par un dispositif technique des images souvenirs, tel que l’arc-en-ciel de son séjour à Rio de Janeiro. Une reconstruction artificielle qui possède toutefois sa propre réalité.
Si la composition des œuvres picturales de Rob de Oude sont entièrement contrôlées par l’application de lignes droites, les motifs qui s’en dégagent en revanche sont illusoires. Crées par les effets de moiré qui apparaissent par hasard sur la surface des peintures, ils sont pour notre cerveau le produit des intersections des lignes droites.
Artiste de la « rétrocipation » , Sylvain Rousseau crée des œuvres qui déconstruisent l’héritage de l’histoire de l’art. Jouant avec la représentation et ses supports, l’artiste transforme lors de ses créations la dimension, le volume, l’iconographie d’images qui sont engrangées dans la mémoire du spectateur. Il renverse ainsi, comme le déclare Katia Feltrin : « le sablier des intentions de ses maîtres »
Diane Amiel